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Inde Express
9 novembre 2007

Petit bilan et souvenirs du Maroc 2

Autre souvenir marquant du séjour: les quelques toutes petites minutes passées à l'association Bayti qui s'occupe de redonner une vie normale aux enfants de rues. Une équipe de gens motivés et impliqués va chercher ces enfants en danger, parfois jusque chez leurs parents, leur ré-apprend à gérer une routine, à étudier, à s’amuser et à… jardiner.

Pour mieux comprendre, voici des extraits d’une interview de Najat M’Jid, présidente de l’association , qui nous avoué beaucoup travailler en collaboration « avec les flics » pour mettre à l'abri ces enfants…(publiée par l’hebdomadaire Al-Arham, propos recueillis par Maya Al-Qalioubi)

  Al-Ahram Hebdo : Quelles sont les causes principales de ce phénomène au Maroc ?

Najat M’jid : Nous avons commencé à travailler, quatre éducateurs et moi-même, dans la rue pour justement commencer à comprendre le pourquoi de la présence de ces enfants dans la rue et qui ils étaient. Donc on a analysé leur situation, les causes qui les ont poussés à être là, les alternatives qui leur étaient offertes par l’Etat, les différentes institutions et les centres. Et au bout d’un an et demi de travail sur le terrain, on avait fait un certain parcours avec ces jeunes. A partir de là, on a réalisé l’analyse des causes de leur situation et la nécessité de les accompagner pour élaborer un projet. Initialement, pour nous, c’était très simple, il fallait les réintégrer familialement, scolairement ou professionnellement. Mais on a vite compris que cela n’allait pas être du tout évident. […]

— Combien y a-t-il d’enfants dans les rues du Maroc ?

— Il m’est impossible de vous donner une réponse exhaustive parce que nous parlons de l’ensemble du territoire et aussi parce qu’il y a une errance de ces enfants. On parle de 10 000, de 100 000 même. Ce que je peux vous dire, c’est que nous avons, nous, ciblé 5 000 enfants depuis sept ans. Maintenant, ce phénomène peut-il aller decrescendo, je ne le pense pas, au contraire, parce que les déterminants qui ont poussé ces enfants dans la rue sont toujours là. Maintenant, on assiste à une véritable organisation de la rue, on ne parle pas encore de gangs parce qu’on n’est pas arrivé au stade des banlieues françaises, mais on peut parler de clans et aussi de zones de no man’s land, où personne ne rentre. Des zones d’appartenance, une appropriation de certains squats ou quartiers.

— Qu’est ce qui attire ces jeunes dans la rue ?

— Elle est attractive parce qu’elle leur offre des solutions que la société n’a pas su leur offrir. Il y a une économie informelle, une liberté, une solidarité très forte et une culture, donc une réelle appartenance à un clan qui devient la famille de substitution et qui leur donne une identité propre. Ils développent des compétences et une intelligence de survie, mais ils développent aussi beaucoup de dépendances. Des dépendances à la rue, parce qu’il y a quand même beaucoup de liberté. On assiste maintenant à des jeunes qui ont un tel parcours rue qu’aucune autre alternative ne les intéresse. Ces jeunes on su mater la rue. Mais la rue est aussi très forte et parfois elle les domine et les détruit.

— Quels sont les dangers essentiels qui les guettent ?

--   Les dangers sont bien sur la violence, qui est le seul mode de dialogue, la dépendance à la colle, la drogue de la rue par excellence. C’est une dépendance très forte et qui a un impact très négatif, à savoir qu’elle provoque des dégâts majeurs au niveau respiratoire et aussi au niveau du ralentissement de l’intellect, et ses dommages sont irréversibles. Il y a aussi les problèmes liés à la santé, à la dénutrition et donc à la croissance. Il y a aussi le problème des maladies sexuellement transmissibles parce qu’il y a beaucoup d’abus, ainsi que de prostitution. Beaucoup de tuberculose, de problèmes cutanés. Mais il y a aussi les troubles du comportement. Il y a des pertes de repères dans le temps et dans l’espace. Ils s’inscrivent dans l’errance, il est très difficile ensuite de parler de projets de vie fixe. Il y a aussi l’intense déni de soi, l’intense perte d’espoir dans un futur possible. Ils ne croient plus en rien. Et puis aussi il y a un rejet des institutions, parce qu’il ne faut pas oublier qu’ils sont passés par plusieurs d’entre elles comme la famille, l’école, les centres d’accueil et les prisons. Il fautchallenger avec tout ça pour travailler avec ces jeunes. […]

Ce sont bientôt les fêtes ici. Si vous avez des dons à faire pensez à eux….

Pour en savoir plus: http://www.bayti.net/

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